lundi 28 septembre 2009

Le Boom du Bio: Le vignoble en tête de la tendance

Par Ricardo Uztarroz*


Faut pas désespérer du genre humain ! Qu’est-ce qui lui prend à ce Singe en hiver pour balancer pareil avis péremptoire ? Commencerait-il à avoir la grosse tête, à se prendre pour un néo-nouveau philosophe, un anti- Schopenhauer, ce penseur allemand du XIX° qui estimait que la vie oscillait entre « douleur et ennui », ou encore un anti-Cioran, grande figure intellectuelle de Saint-Germain-des-Près d’origine roumaine, chantre de l’inutilité de l’existence, qui considérait que toute naissance était « un accident risible » qui mourut néanmoins de vieillesse alors qu’il aurait été logique qu’il se suicidât. Mais, voilà, on a beau avoir des vilaines pensées sur la vie, il n’en demeure pas moins que celle-ci, la vie, est putainement belle en fin de compte. Ce n’est pas l’auteur de ces lignes qui dira le contraire.
Il se félicite que ses géniteurs aient copulé le jour ou le soir où ils l’ont fait, comme ça il est parmi vous. Si ç’avait été la veille, ça aurait été un(e) autre que lui, et si ç’avait été le lendemain, ça n’aurait pas été lui, quand on sait le peu de probabilité qu’a un spermatozoïde d’atteindre son but. Passer du stade de spermatozoïde à être humain au terme d’une course effrénée, ça du bon car un des bonheurs de la vie c’est qu’elle permet de boire et de tirer des bons coups…
Qu’est-ce donc qui incite ce Singe en hiver à être aussi sentencieux que ça, aussi docte qu’un médecin penché sur un cadavre annonçant : « la vie l’a quitté », à aller à contre-courant du climat de morosité depuis le tour de passe-passe des sub-primes qui en a ruiné plus d’un qui se croyait super-malin et privilégié en plaçant sa fortune chez Madoff, un vrai génie celui-là de l’embrouille et de la carambouille? Tout simplement un nouvelle parue à la fin de l’été, au moment juste où on doit reprendre le collier, et qui est passée en grande partie inaperçue, noyée dans le flot de nouvelles sans intérêt et de polémiques encore moins nécessaires.

Des pourcentages qui décoiffent

La nouvelle est que le bio explose en France. C’est un vrai boom comme aucun autre secteur n’en connaît. Sa progression a été de 25% en 2008 et son chiffre d’affaires atteint les 2,6 milliards d’euros, ce qui n’est pas rien ! De 2000 à 2007, sa croissance n’était (si l’on peut dire n’était) que de 10% l’an. Y a pas mal de branches qui se seraient contentées d’une progression de moitié inférieure. Et arrive en tête de cette tendance le vignoble. Ses surfaces ayant le label agriculture bio ont fait un bond de 25% en un an, contre 11,6% pour les céréales. Mais, attention, ne faisons pas dire à ces pourcentages plus qu’ils n’en disent. La superficie classée bio ne représente que 2,12% des terres agricoles de l’hexagone, soit en chiffre absolu 584.000 hectares. Les experts de l’Agence-Bio, organisme officiel, pensent qu’elle devrait se situer à 6% en 2012, une extrapolation qui laisse d’autres experts un peu sceptiques.
Mais, bon, l’incompétence du Singe en hiver lui interdit de s’immiscer dans ce genre de débat. Comme il ne s’introduira pas par effraction dans la polémique sur la qualité des vins bio, soufre pas soufre, le laissant aux œnologues, aux sommeliers, aux amateurs avertis, aux dégustateurs professionnels, lui se limitant à n’être qu’un buveur, parfois sans modération, se bornant à classer les nectars de la vigne dans les catégories suivantes : franchement dégueulasse, dégueulasse, ouais passable, convenable, pas mauvais, bon, bon de chez bon, très bon, super bon, oh ! enculé tête de mort celui-là c’est du super-extra ! Les quelque fois qu’il en a bu de ces vins, dans ces restaus bobos parisiens, il n’en a pas été totalement convaincu bien que son penchant le porte vers des crus plutôt âpres, minéraux, moins fruités possible, pas trop alcoolisés (12/13°).
Pour en revenir à ces chiffres qui décoiffent, ils montrent qu’il ne s’agit pas d’un engouement passager de la part des consommateurs. On est en présence d’une tendance de fond même si le bio ne représente actuellement que un modeste 1,7% du marché de l’alimentation contre 3,3% en Allemagne. Mais en matière de modernité, nos voisins d’outre-Rhin ont toujours un temps d’avance sur nous.

La preuve par deux

La meilleure preuve qu’un processus s’est enclenché de manière irréversible, c’est par exemple qu’en trois ans la consommation de lait ou d’œufs bio a été multipliée par deux, que 42% des Français consomment des produits bio ; bien sûr pas exclusivement mais quand ils ont le choix et les moyens leurs préférences vont au bio. 85% d’entre eux connaissent le label AB (agriculture biologique). S’ajoute que 46% des cantines scolaires mettent des aliments bio à leur menu et devraient être 77% en 2012.
Enfin, la grande distribution qui a le flair pour détecter les filons porteurs s’est promptement mise au bio à telle enseigne qu’elle occupe 42% du marché et a connu une progression de, tenez-vous bien, de 39% en 2008. Les grandes surfaces ont actuellement sur leurs gondoles entre 100 et 200 références bio. Elles comptent atteindre les 300 dans l’année qui vient.
Les casseurs de prix comme Leader Price, Lidl, Ed, s’y mettent aussi bien qu’un aliment bio coûte entre 10% et 20% plus cher que son pendant industriel. Si eux aussi montent sur le bateau, c’est que celui ci part pour une longue croisière. Le bio n’est plus une exclusivité de baba-cool, des petits marchés frileux et pluvieux du dimanche matin, ou de quelques boutiques semi clandestines.
Et quand on leur demande aux Français ce qu’ils préfèrent, ils le disent sans ambages : ils veulent du local et du saisonnier. Et c’est là que le bât blesse avec le bio et son boum. Les producteurs hexagonaux ne peuvent pas répondre à la demande. Les importations ont explosé : 30% de l’offre bio vient de l’étranger ce qui n’est pas bon du tout pour la désormais incontournable empreinte carbone. S’agit pas de faire du franchouillard, du chauvinisme type supporteurs
des bleus (bien que ces derniers, pas les onze qui n’arrivent pas à gagner, mais ceux qui les encouragent depuis les tribunes, par ces temps-ci, sont bougrement héroïques), mais bon c’est quand même une ombre au tableau.

Une voie de reconversion

Disons qu’il s’agit d’un petit retard à l’allumage de la part des producteurs. Il faut savoir que pour convertir un élevage au bio, il faut 2 ans, et un champ ensemencé trois. Même si les débouchés sont là, faire ce saut représente un gros investissement. Si les Etats encourageaient plus activement ces reconversions en donnant des facilités pécuniaires, il y aurait plus de candidats à produire bio.
Le Synabio, le syndicat des producteurs bio, comptait 5.600 adhérents en 2008, soit une progression de 12%. La reconversion au bio devrait être la voie à suivre pour certaines filières aujourd’hui en difficulté comme le lait.
« Chez Biolait aussi, écrivait récemment Le Monde, l'approvisionnement est une question-clé. Ce groupement de près de 500 producteurs est l'acteur incontournable de la collecte de lait biologique en France. En 2009, il a dû en importer du Royaume-Uni pour livrer ses clients. "Nous pouvons fournir 40 millions de litres, mais la demande frôle les 50 millions", explique Loïc Dété, le directeur général. Vu que des éleveurs plus nombreux, en cours de conversion, pourront à l'avenir fournir l'entreprise, dans deux ans, la production aura augmenté de 50 %. Les importations ne seront alors plus de mise.
Pour les céréales aussi, c'est un passage obligé. Les principaux moulins bio ont pris l'habitude d'importer du blé d'Italie. Selon les prévisions du ministère de l'agriculture, la collecte de blé biologique sera en hausse de 19 % en 2009, mais le recours aux importations restera nécessaire. »
"Vue la dynamique des conversions, la situation n'a pas vocation à perdurer", assurait la présidente de l’Agencebio, Elisabeth Mercier, au même journal.

Pour en savoir plus :
www.aggencebio.org
www.fnab.org
Fnab : Fédération nationale de l’Agriculture biuologique.
Deux articles du Monde :
La filière bio commence à être victime de son succès (31/08/09)
Les produits bio se démocratisent (13/02/09)

* Auteur de La véritable histoire de Robinson Crusoé et l’île aux marins abandonnés, Amazonie mangeuse d’hommes, incroyables aventures dans l’enfer vert, tous les deux chez Arthaud.

vendredi 18 septembre 2009

LE VIN, L'ALCOOL ET LA SANTE: UNE CRITIQUE DU RAPPORT DE L'INSTITUT NATIONAL DU CANCER

Un argumentaire scientifique pour la défense d’une consommation raisonnable d’alcool et de vin.



Claude Gilois MBA, FIMBS, PDG, Vins du Monde

« A force de répétitions et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu’un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont « cercle » et « carré » ? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu’ à rendre méconnaissable les idées qu’ils véhiculent ».
Joseph Goebbels (Ministre de l’Information et de la Propagande Nazi).



« Lorsque les mots perdent leur sens, le gens perdent leur liberté. »
Confucius.

Dans un communiqué de presse publié le 11 novembre 2008, l’Institut National du Cancer déclare que la consommation d’alcool, même minime, est dangereuse pour la santé. Ce communiqué se base sur un rapport de cet institut « l’Alcool et Risque de Cancer
[1]». Il conclut qu’il n’y a pas de dose minimale acceptable de consommation d’alcool contrairement à ce qui avait été recommandé il y a quelques années par l’OMS [2] qui fixait la dose maximum de 3 unités par jours pour les hommes et de 2 pour les femmes[3].
Avant d’entamer un tour d’horizon sur ce sujet, très controversé, il est important de faire quelques observations préalables sans lesquelles il est difficile de comprendre la validité, la robustesse voire même la viabilité des arguments qui s’affrontent.

Avertissements aux lecteurs

Il n’existe aucune recherche contrôlée sur ce sujet car, du point de vue de l’éthique médicale, il n’est pas possible d’organiser sciemment des recherches sur le long terme avec des sujets humains dès lors qu’on soupçonne que l’alcool pourrait être un produit toxique. Donc, toutes les recherches et publications à ce propos sont effectuées sur la base d’observations de sujets qui se soumettent volontairement au questionnement des médecins ainsi qu’aux analyses nécessaires aux projets de recherche.
Quasiment toute recherche est soumise à des analyses statistiques et il est bon de rappeler les propos de Benjamin Disraeli
[4] : « There are three kinds of lies : Lies, Dammed lies and Statistics ». Pour ceux d’ente nous, moins rompus à la langue de Shakespeare, on pourrait traduire très librement cette phase par « les statistiques sont comme la mini-jupe, elles cachent l’essentiel mais donnent une idée ! ».
Il est de plus en plus difficile aujourd’hui, même pour des spécialistes, d’interpréter toute recherche médicale et scientifique car l’industrie pharmaceutique contrôle d’une manière croissante la recherche (aux travers des subventions et de paiement aux scientifiques) et les journaux qui publient ces recherches (par des budgets publicitaires importants consacrés à la promotion de leurs produits dans les journaux médicaux et scientifiques).
Le sujet est particulièrement sensible voire même émotif car il touche de prêt à la morale et au désir d’une partie de l’humanité de vouloir contrôler l’autre. Le terme d’hygiéniste utilisé pour désigner les opposants à la consommation d’alcool a une forte connotation moraliste. En règle générale les tenants de la morale hygiéniste sont plutôt du côté des décideurs dans nos sociétés.

Consommation d’alcool : ce que nous enseigne l’histoire des Hommes


Il est impossible d’évaluer la dangerosité d’un quelconque produit ou substance sans se référer à l’histoire humaine.
L’Homme existe depuis trois millions d’années
[5]. Il a été pour la majeure partie de son existence cueilleur et occasionnellement chasseur-pêcheur. Il se sédentarise il y a environ dix mille ans mais reste essentiellement un consommateur de végétal. Il semble donc que la transformation de graines en alcool ait été concomitante à la sédentarisation de l’Homme. La découverte d’amphores de l’âge de pierre semble confirmer l’hypothèse d’une découverte de la fermentation alcoolique il y a environ dix mille ans. Mais il est aussi probable que cette transformation du fruit en alcool ait été découverte accidentellement et fortuitement avant cette date (une noix de coco cassée et remplie d’eau de pluie, une bouillie de maïs restée à l’air libre par exemple[i]).
C’est beaucoup et à la fois peu si on considère que la consommation d’alcool est un phénomène récent du point de vue culturel.
L’espèce humaine et les espèces animales possèdent génétiquement (bien avant que l’espèce humaine n’entre en contact avec l’alcool par absorption orale) la capacité de neutraliser l’alcool avec deux enzymes spécifiques, l’alcool déshydrogénase et l’acétaldéhyde déshydrogénase, contenues dans le foie et dans la paroi de l’estomac pour convertir l’alcool naturel de certains aliments et de l’alcool produit par les bactéries pendant la digestion. On peut raisonnablement penser que les quantités neutralisées suite à l’absorption de nourriture alcoolisée ou suite à la digestion soient relativement faibles par rapport à celles que l’organisme doit traiter suite à la consommation orale de boissons alcoolisées.
La théorie darwinienne de l’évolution des espèces nous apprend que la nature humaine et animale est en permanente évolution pour s’adapter aux changements de l’environnement, le matériel génétique des espèces est donc en constant changement naturel et les espèces évoluent au fil du temps. Plus la complexité de l’espèce est grande, plus l’évolution est lente.

Le métabolisme de l’alcool

Il existe trois voies principales dont deux seront décrites dans ce document car la troisième est mineure par rapport aux deux autres.


1. Par l’oxydation de l’alcool par deux enzymes, l’alcool déshydrogénase (ADH) et Acétaldéhyde déshydrogénase (ALDH).


Alcool
I NAD+
NADH
(Alcool déshydrogénase) ADH

Acétaldéhyde
I NAD+
NADP
Acétaldéhyde déshydrogénase (ALDH)

Acide Acétique


L’acide acétique est un composant non toxique alors que l’alcool a une faible toxicité.
C’est l’acétaldéhyde qui est potentiellement le composant toxique dans ce processus de métabolisme de l’alcool. Cette substance est classée comme substance préoccupante pour l’Homme en raison d’effets carcinogènes possibles mais les preuves sont pour l’instant insuffisantes
[6]. Chez les sujets normaux, l’acétaldéhyde est métabolisé rapidement par l’ALDH et on ne retrouve que des faibles quantités dans le sang quand le sujet est intoxiqué (inferieur à 1 ЧM) [ii]I. Il est totalement absent quand l’alcool a été totalement éliminé II. Les concentrations d’acétaldéhyde circulant ne sont augmentées que chez les consommateurs chroniques excessifs[iii].

2. Par le cytochrome P 4502E1 (CYP2E1)

Alcool
I NADH
P4502E1 (CYP2E1)

Acétaldéhyde

Le cytochrome P4502E1 (CYP2E1)
[7] est la deuxième des voies de l’oxydation de l’alcool en acétaldéhyde. L ’Activation de ce cytochrome génère la production d'espèces réactives de l'oxygène (radicaux libres)[8] [iv] qui sont des pro-carcinogènes. Cependant la production de radicaux libres ne semble pas être le principal facteur responsable du stress oxydant observé en cas de consommation excessive de l’alcool, l’activité du CYP2E1 et le taux des différents marqueurs du stress oxydant n’étant pas corrélés chez les patients consommateurs excessifs chroniques[v]. De plus, L’activation du cytochrome CYP 2E1 est uniquement observée que lors d’une alcoolisation chronique [vi] [vii] [viii]
Il semble aussi que le CYP2E1 ne soit responsable que d’environ 10% du métabolisme de l’alcool
[ix].
Dans les études épidémiologiques, comme celle de l’Institut du Cancer qui sont essentiellement basées sur des études statistiques, il est impératif de pourvoir dégager le mécanisme biologique de « cause à effet » observé (dans ce cas la consommation d’alcool et le cancer).
Contrairement aux assertions du rapport de l’Institut du Cancer, on ne voit pas par quel mécanisme une consommation modérée d’alcool pourrait être un inducteur de cancer. Par contre, une intoxication chronique excessive avec l’accumulation d’acétaldéhyde et l’activation du cytochrome qui génère des radicaux libres est tout à fait plausible et même probable d’autant qu’elle génère en plus la ré oxydation du NADH en NAD+.
L’amalgame fait par les scientifiques de l’Institut du Cancer entre consommation raisonnable et consommation excessive est un des tendons d’Achille majeur de leur étude.
La tolérance à l’alcool : nous ne sommes pas tous égaux
On constate aussi une très grande variabilité dans la capacité des ces deux enzymes à métaboliser l’alcool entre homme et femme, jeunes et vieux et parmi différentes populations dans le monde. Les jeunes femmes n’ont pas la même capacité que les hommes à neutraliser l’alcool car l’expression génétique de leur alcool déshydrogénase s’exprime plus faiblement que celle des hommes
[x]. Les femmes possèdent moins d’activité enzymatique dans l’estomac pour l’ADH (alcool déshydrogénase). La consommation d’une boisson alcoolisée pour l’homme en représente donc le double pour la femme après correction pour la différence de poids entre homme et femme.
Il existe chez l’homme 7 différentes variantes d’alcool déshydrogénase (ADH1 à ADH7). De plus Il existe un polymorphisme génétique
[9] pour les gènes ADH2 et ADH3. L’ADH2 se déclinent en ADH2*1, ADH2*2 et ADH2*3 [xi]. Chez les caucasiens c’est l’ADH2*1 qui domine alors que l’ADH2*2 est prévalent chez les asiatiques. Les caucasiens partagent également les ADH3*1 et ADH3*2 alors de ADH3*1 prédomine chez les sujets asiatiques ou afro-américains.
Les sujets porteurs de l’allèle ADH2*2, qui est une enzyme très active, ont un risque diminué suite à une consommation chronique d’alcool. Cet effet protecteur a été retrouvé dans toutes les ethnies
[xii]. [xiii] [xiv].
Similairement, il existe plusieurs variantes d’acétaldéhyde déshydrogénase dont les deux principales sont l’ALDH1 et l’ALDH2. De même que pour l’ADH, il existe un polymorphisme génétique. Ce polymorphisme est plus déterminant au niveau de l’ALDH2. L’ALDH2*1, présent chez tous les caucasiens, est une enzyme très active alors que l’ALDH2*2, une enzyme largement inactive, est présente chez environ 50% des asiatiques. Les sujets déficients présentent une accumulation d’acétaldéhyde qui se traduit par un afflux de sang facial (flush) et des signes d’intolérance à l’alcool (maux de tête, hypotension, tachycardie, brûlures épigastriques), semblables à ceux rencontrés lors de l’usage du Disulfiram
[10]. Cela leur confère, soit un avantage contre l’alcoolisme car les effets indésirables agissent comme un déterrent ou une fréquence accrue du risque de cancer, en particulier celui de l’œsophage s’ils persistent dans leur consommation d’alcool [xv] [xvi] [xvii]. Une étude a constaté que 41% de Japonais non consommateur d’alcool était déficient en ALDH2 alors que seulement 2% l’était dans le groupe consommateur d’alcool. De même, à Taïwan, il y avait 30% de déficiences en ALDH2 dans le groupe ne consommant pas alors qu’il n’y en avait que 6% dans le groupe qui consommait de l’alcool [xviii].
L’histoire de ces deux populations nous enseigne qu’au Moyen Age la qualité de l’eau se détériora dans les grandes villes et afin de rendre l’eau plus saine les européens utilisèrent la fermentation et ses caractéristiques aseptiques alors que les asiatiques eurent recours au bouillage de l’eau. Ces deux coutumes s’expliquent par le fait que les européens avaient de la vigne et des graines et les asiatiques du thé.
On peut légitimement conclure que les processus de neutralisation de l’alcool dans le corps humain est un processus inabouti et qui exprime une grande variabilité dans l’espèce humaine mais à l’intérieur de groupes bien définis (caucasien, asiatique) il est relativement homogène.

Le vin, l’alcool, la bière : est-ce la même chose pour le corps humain ?


Pour le corps humain 10 cl de vin (équivalent à une unité soit 10 g d’alcool) est équivalent à 25 cl de bière à 5 0, à un verre de whisky de 3 cl à 40 0 et à un verre de pastis à 45 0 [11].
Le degré alcoolique de la boisson ingérée affecte également son absorption. L’absorption est maximale pour les alcools de 10 à 20 0, et diminue pour les boissons ayant un degré alcoolique supérieur à 20 0 ou inférieur 10 0
[xix]. Ce phénomène a sans doute pour cause d’optimiser le métabolisme de l’alcool par les enzymes ADH ET ALDH de telle façon que le produit intermédiaire dangereux du métabolisme de l’alcool, acétaldéhyde, ne s’accumule pas dans l’organisme. Nous verrons dans ce document que, contrairement à ce que prétend l’Institut du Cancer, le vin représente quelque chose à part dans le panel des boissons alcoolisées.
La consommation d’alcool et le cancer
L’enjeu du débat sur la consommation :
C’est de savoir si la consommation de vin, principalement pendant les repas, a une influence néfaste sur la santé et si la consommation de vin, qui a une place culturelle importante en France et dans monde, devrait être maintenue dans cette culture.
Personne n’essaie de défendre l’indéfendable et ne nie, qu’une surconsommation, qu’une association avec une consommation de tabac et l’alcool au volant ne soient pas néfastes. Mais le vin, en particulier, n’est pas une boisson comme les autres. C’est un lien très fort entre l’Homme et la nature. Il n’existe aucune culture et aucun processus de transformation d’un produit naturel qui génère autant de soin et de passion que la culture de la vigne et l’élaboration du vin.
Les méthodologies dans la recherche médicale, scientifique et épidémiologique
[12].
Les études prospectives randomisées en double aveugle
Les essais randomisés sont des essais où les sujets sont choisis au hasard pour l’étude et pour le groupe de contrôle. Les sujets de l’étude ainsi que les sujets du groupe de contrôle ne sont connus, ni des sujets eux-mêmes ni des observateurs. Ce type d’étude est appelé double aveugle (double blind). La méthodologie est définie avant l’étude. On peut donc de cette façon identifier toute déviation.

Les
études de Cas-témoins: études rétrospectives entre deux groupes, l'un présentant une maladie (cas) et l'autre, sain (témoins).

Les études de Cohortes : comparaison entre un groupe de sujets non malades mais exposé à un risque et à un groupe non exposé. Ces études sont en général plus précises que les études de cas témoins mais aussi plus coûteuses.

Les Méta-analyses : reprise d'un ensemble d'études comparables et avec une analyse globale au moyen d'outils statistiques adaptés et de modèles mathématiques complexes.

Les limites de l’analyse épidémiologique


Elles sont remarquablement décrites dans l’article de Gary Taubes : Epidemiology Faces Its Limits [xx]
Seules des études effectuées par l’intermédiaire d’essais randomisés en double aveugle peuvent permettre de conclure, sans équivoque, des relations de cause à effet. Mais ces études sont longues et coûtent très chères. De plus, on ne peut pas soumettre des milliers de sujets en bonne santé à des polluants ou à des substances potentiellement carcinogènes. Alors on a recours à des études épidémiologiques de cas témoins, de cohortes et des méta-analyses plus acceptables et moins coûteuses mais beaucoup moins précises.
Nous sommes depuis une vingtaine d’années sujets à un accroissement sans précédent de rapports contradictoires sur la santé qui créent dans la population une épidémie d’anxiété. On peut entendre ou lire tout et son contraire dans la même semaine. De l’aveu même des épidémiologistes, la faute en revient largement à la nature même des études épidémiologistes, en particulier celles qui ont trait à l’épidémiologie environnementale. Il est vrai que l’épidémiologie a eu son heure de gloire avec la détection du lien entre le tabac et le cancer du poumon mais là on parlait d’un accroissement de 3000% des risques xx. Mais quant est-il quand le risque est faiblement augmenté et les conséquences pour les politiques de santé énormes ? !!
Beaucoup d’épidémiologistes concèdent que leurs études sont truffées de bais, d’incertitudes et de faiblesses méthodologiques et qu’elles sont incapables de détecter des associations faibles. Pour Michael Thun, directeur de service d’épidémiologie analytique de l’Association Américaine contre le Cancer, « L’épidémiologie en dit peu sur des choses importantes » (comme pour le tabac et le cancer du poumon) mais par contre, il est quasiment impossible de dire quoi que ce soit quand il n’y a rien ou pas grand-chose au départ ajoute Ken Rotham, éditeur du journal Epidémiologie. « Nous repoussons sans cesse les limites de l’épidémiologie quand nous n’allons pas au delà » ajoute Dimitrios Trichopoulos, directeur du département d’épidémiologie de l’Ecole de Santé Publique de Harvard. Et ces études, ajoute t-il, « génèrent des conclusions faussement positives ou négatives avec une fréquence déroutante ». « Nous devenons de plus en plus une nuisance pour la société » conclut-il. Le phénomène est amplifié par la reprise dans la presse ou par des groupes des propagandes de ces études sans une lecture critique qui peut transformer en une phase le contenu scientifique de l’étude. Une phase d’un rapport indiquant « L’alcool pourrait être impliqué dans le cancer » peut vite devenir « le vin cause le cancer » dans une certaine presse.
" Les biais et les facteurs confondants sont les tendons d’Achille de l’épidémiologie » déclare Philip Cole, professeur d’épidémiologie à l’université d’Alabama.
Les biais, les facteurs confondants et autres facteurs limitatifs
Ce sont tous les facteurs qui peuvent amener une étude épidémiologique à conclure l’existence d’un lien de cause à effet erroné entre la maladie et le facteur de risque.
Les biais
Les biais sont causes d’erreurs d’analyses statistiques liées à la méthodologie de l’expérimentation. Il en existe plusieurs.

Les biais de suivi:

Ils sont liés à des différences de prise en charge au niveau du groupe traité et du groupe témoin. Par exemple, si le double aveugle n'est pas respecté, il est probable que l'expérimentateur ne suivra pas de la même façon les effets secondaires manifestés par le patient recevant le placebo. Très peu d’étude de cas témoins ou de cohortes sont effectuées en double aveugle.

Les biais de sélection :

La procédure du choix de la population de contrôle dans les études de cas témoins ou de cohortes peut rapidement mettre en évidence des différences avec le groupe témoin et qui n’ont rien à voir avec le phénomène étudié. « Il est souvent même pas très clair d’une manière conceptuelle de ce que le groupe témoin doit être» ajoute Walter Willet, un épidémiologiste d’Harvard.

Les biais d’attrition

Ils sont dus à des différences entre les groupe initiaux, liées à des sorties d’essais ou des interruptions de traitement.

Les facteurs confondants :


Les facteurs confondants sont des variables cachées dans les populations étudiées qui peuvent générer une association réelle mais qui n’est pas celle que les épidémiologistes pensent avoir trouvée. Le tabac est par exemple un facteur confondant quand on recherche un lien avec la consommation d’alcool car la consommation d’alcool est souvent associée à la consommation de tabac et les études se font sur les consommateurs des deux substances. Donc qui est responsable des cancers constatés : le tabac, l’alcool ou les deux et si ou dans quelle proportion?
« Même les techniques d’analyse statistiques qui sont depuis 20 ans à la disposition de la recherche épidémiologique pour calculer l’effet des biais et pour corriger les effets des facteurs confondants ne sont pas suffisantes pour compenser les limitations des données » déclare Norman Breslow, biostatisticien de l’université de Washington à Seattle. Avec les facteurs confondants, les biais et les erreurs de mesure , un grand nombre d’épidémiologistes admettent que leur discipline outrepasse de plus en plus les limites du possible et cela en dépit de la qualité et du soin de leurs études. Car la question centrale reste inchangée: quelle est la qualité des données de base et jusqu’à quel point les facteurs confondants et les biais peuvent ils être contrôlés par les modèles statistiques. Le grand danger ajoute Breslow « est de croire que ces modèles sophistiqués peuvent corriger des variables qui ne sont fondamentalement pas contrôlables ».


Les autres facteurs limitatifs:


Il existe une sous-représentation des études négatives dans la littérature scientifiques et les scientifiques savent qu’il est plus difficile de publier des études aux résultats négatifs. Cela a donc une influence sur le méta –analyses qui n’englobent pas ces études.
La grande majorité des études sont partiellement ou totalement financées par l’industrie pharmaceutique ou par des groupes de pressions et les résultats doivent être en concordance- avec les intérêts des groupes qui les financent ou les supportent.
La nécessité de « publish or perish » (publier ou disparaitre) s’est considérablement accru ses 20 dernières années. Le budget consacré à la recherche médicale n’a pas suivi la croissance du nombre de chercheurs qui s’y consacre. Décrocher des fonds de recherche est de plus en plus compétitif
[xxi].
Le nombre de fraudes scientifiques s’est considérablement accru ces dernières années et les disciplines biologiques et médicales sont les disciplines ou elles fleurissent le plus
[xxii]. Les Sciences médicales remportent la palme avec 52% des cas de fraudes impliquant la fabrication de données dénoncées partout dans le monde depuis l’avènement de la science. Pour ce qui concerne la manipulation des données, les sciences de la santé encore une fois occupent le haut du pavée avec 81 % des fraudes.

Comment lire et interpréter les résultats statistiques du rapport de l’Institut National du cancer ?


Les résultats des études épidémiologique sont généralement exprimés en terme d’un d’indice, le RR (Risque Relatif) ou in indice équivalent OR (Odds Ratio). Un indice égal à 1 signifie l’absence de risques. Cet indice exprime la force de la relation entre la cause et l’effet (la relation entre la consommation d’alcool et le cancer par exemple). Cet indice est généralement exprimé en termes d’un intervalle de confiance de 95% (de 1 à 3 par exemple). Cela veut dire que la vraie valeur a 95 % de chance de se trouver dans l’intervalle calculé.
Les valeurs de référence citées par le rapport de l’Institut du Cancer sont les suivantes :


· 1,0 = non association
· 1,1 à 1,3 = association faible
· 1,4 à 1,7 = association modeste
· 1,8 à 3,0 = association modérée
· 3 à 8 = association forte

Qu’en pensent donc certains de plus éminents épidémiologistes de ces indices?


Breslow de l’Université de Washington à Seattle déclare « les épidémiologistes rapportent fréquemment qu’ils ont trouvé un lien de cause à effet entre le facteur de risque et la maladie puisque leur intervalle de confiance de 95% n’inclut pas la valeur 1 qui est l’absence d’effet ». Breslow ajoute : « en fait ces intervalles de confiance veulent dire beaucoup moins que ce que l’on pense en général parce qu’ils ignorent les erreurs systématiques, les biais et les facteurs confondants qui sont en général beaucoup plus fort que les variations statistiques »
Beaucoup d’épidémiologistes éminents ont publié des résultats erronés dans le passé et affirment qu’il est très facile d’être trompé par des résultats à moins que ceux-ci-soient stupéfiants. Sir Richard Doll de l’Université d’Oxford qui était le co-auteur d’une étude erronée sur un lien de cause à effet entre un médicament hypertenseur et le cancer du sein, suggère qu’aucune étude épidémiologique ne peut être crédible si la limite basse de l’intervalle de confiance de 95% ne montre pas un taux de risque supérieur à 3. Dimitrios Trichopoulos, directeur du département Epidémiologie de l’école de Santé publique de Harvard suggère lui un risque supérieur à 4.
Angell du New England Journal of Medecine déclare « Il nous faut un risque relatif (RR) d’au moins 3 voire plus pour que nous acceptions de publier des études en particulier si le mécanisme biologique est improbable ou si la découverte est nouvelle. Robert Temple de la Food and Drug Administration ajoute « le risque relatif n’est pas au dessus de 3 ou 4 alors oubliez les résultats ».


Mais les méta-analyses ne sont elles pas quand même un moyen de contourner les limitations car elles englobent plusieurs études ?


David Sackett de l’Université d’Oxford déclare « ce type d’étude n’est pertinent que si les études qui la composent utilisent des architectures et des méthodologies différentes et qu’elles arrivent aux mêmes résultats ». « Si les études sont conçues de la même façon et qu’il y a un biais inhérent alors peu importe la consistance des résultats. Un biais multiplié par 12 est toujours un biais. ». Sans oublier bien sûr comme le fait remarquer Angell du New England Journal of Medecine : « il est beaucoup plus difficile de publier des études négatives dans la littérature scientifique et cela amène à une sous-représentation des études négatives dans les méta-analyses ».


Que peut-on conclure du rapport de l’Institut du Cancer maintenant que l’on connait les limitations de ce type d’études ?

1. Aucune des études présentées dans le rapport de l’institut National du Cancer ne provient d’essais randomisés en double aveugle qui sont les seuls à pourvoir établir sans ambigüité des relations de cause à effet. On ne trouve pas d’association suffisamment fortes dans le études, majoritairement de cas témoins (moins précises que les études de cohortes), publiées dans le rapport de l’institut National du Cancer pour affirmer qu’il puisse y avoir un possible lien de cause à effet entre une consommation modérée d’alcool (40g par jour) et le cancer (indices inférieurs à 3, donc non conclusifs).


2. Les études qui entrent dans la composition du rapport proviennent en quasi totalité d’études faites sur des buveurs et fumeurs et corrigées statistiquement pour éliminer la variable « fumeur » de ces analyses ». Quant on sait la puissance du facteur « confondant » que représentent le tabac et les réserves émises par les épidémiologistes eux mêmes sur les facteurs confondants et les biais, il apparait bien difficile de conclure quelque chose de scientifiquement valables dans ces conditions d’autant plus les indices sont en effet inferieurs à 3 (donc non conclusifs) pour une consommation modérée.
C’est le deuxième tendon d’Achille majeur de l’étude de l’Institut du Cancer


3. Pour les cancers étudiés par l’institut du Cancer, poumon, estomac, pancréas, ovaires, prostate, thyroïde, lymphome, vessie, rein), le rapport fait état, soit, d’absence d’association, de résultats controversés, de données insuffisamment vérifiées pour les biais et les facteurs confondants, de diminutions du risque ou de données insuffisantes pour conclure.


4. La quasi-totalité des résultats des risques relatifs énoncées pour les autres cancers ( VADS, Foie, sein, côlon-rectum) par le rapport de l’institut du Cancer sont compris entre 1 et 3 pour de consommation modérées de 40 g/l (4 verres de 10 cl), zone dont les plus imminents statisticiens épidémiologistes nous disent qu’elle n’est pas faible et doit être ignorée. Seules des intoxications chroniques excessives génèrent des indices conclusifs.


5. Le rapport du l’Institut du Cancer ne démontre pas le mécanisme par lequel l’absorption d’une quantité raisonnable d’alcool pourrait être toxique. L’acétaldéhyde ne s’accumule pas dans l’organisme lors d’une consommation normal et le cytochrome P 450 n’est pas activé à des doses inferieures à 40 g par jour.


6. Les variations polygéniques observées dans les différentes populations ne sont pas suffisantes pour donner des conseils d’abstinence totale car les individus porteurs des variantes génétiques déficientes sont particulièrement sujets aux effets négatifs de l’alcool même à faibles doses et sont donc peu enclins à en consommer même avec modération. Les populations caucasiennes sont globalement les plus résistantes génétiquement à la consommation d’alcool et reflète ainsi l’histoire et la culture viticoles de la Vielle Europe.


7. Les scientifiques qui ont édités ce rapport ont été particulièrement sélectifs dans l’utilisation des publications à leur disponibilité en ignorant ou en ne détaillant pas certaines des publications les plus intéressantes et les plus complètes sur ce sujet.
L’étude la plus importante par le nombre de sujets retenus est celle menée par l’American Cancer Society (quand même incompréhensif pour l’Institut du Cancer d’Ignorer une telle étude) et qui a suivi plus de 276,000 sujets pendant près de 12 ans
[xxiii]. Le Professeur Serge Renault dans son ouvrage « le régime crétois [xxiv]» résume les résultats graphiquement :




Les courbes en forme de J indiquent que l’effet observé dépend de la dose. Pour une consommation journalière jusqu’à 36 grammes (soit environ une demi bouteille), qui représente la consommation moyenne d’un français, la mortalité toutes causes confondues est inferieure ou égale à celles des non-buveurs. Cette étude est confirmée par celle de Gronbaek et al en 1995 [xxv] qui conclue que les buveurs avaient une mortalité significativement plus basse que les non buveurs.


8. Le rapport de l’Institut ne prend pas en compte la nature spécifique du vin et de sa « supériorité médicale » sur les autres boissons alcoolisées. Il affirme que le c’est la quantité d’alcool consommée qui est important plutôt que le type de boisson. Certes, il y a peu d’études comparatives sur ce sujet mais deux, en particulier, n’auraient pas dû échapper à la vigilance et à la sagacité des scientifiques de l’Institut National du Cancer. Celle de Gronbaek et al. citées ci-dessus qui porte sur 13285 sujets et qui indique que seul le vin consommé à des doses modérée était associé à une protection contre la mortalité toutes causes confondues.
L’étude de Klatsky et al
[xxvi]en 1992 à Oakland en Californie basée sur 128 900 sujets suivis pendant sept ans montre que le vin offre une protection de 30 à 40% supérieure à celle des spiritueux.


9. Le rapport ne prend en compte que les effets de la consommation d’alcool sur une seule maladie : le cancer. Si une consommation modérée d’alcool augmentait d’une manière mineure les risques du cancer mais que, dans un même temps, elle devait fournir une protection efficace contre les maladies cardio-vasculaires, faudrait-il déconseiller de boire de l’alcool si le gain net en durée de vie était positif ? Certainement pas. Les effets protecteurs de l’alcool et du vin ont fait l’objet d’études dans de nombreux pays. En fait aucun aliment, aucun médicament, n’a jamais été aussi étudié que l’alcool. Dans l’ensemble les études concordent et montrent que pour une consommation modérée de 1 à 4 verres de vin par jours, la mortalité coronarienne est inferieur de 15% à 60% par rapport au non buveurs ixi. C’est largement supérieur aux risques très aléatoires mis en évidence par la recherche scientifique au jour d’aujourd’hui.
C’est le troisième tendon d’Achille majeur de l’étude de l’Institut National du Cancer.

On notera au passage la remise en cause de l’effet protecteur de l’alcool et du vin sur les maladies coronariennes dans le rapport de l’Institut National du Cancer au motif qu’il existerait dans les études des facteurs confondants. Il aurait été intellectuellement honnête de mentionner aussi que les études de la relation entre le cancer et l’alcool avaient été effectuées sur des sujets buveurs et fumeurs et que le facteur confondant du « tabac » est sans doute celui qui s’exprime d’une manière la plus forte dans ce type d’études.

Conclusion :


Le rapport de l’Institut du Cancer donne l’impression d’avoir été construit autour d’une conclusion décidée à l’avance. L’alcool est néfaste pour la santé et nous allons le prouver scientifiquement. C’est plus un document de propagande qu’une étude scientifique objective car elle ne prend pas en considération des publications scientifiques qui ne vont pas dans le sens de son argumentation. Il vient à courant de la tendance actuelle, dont le rapport fait état, et qui est la diminution constante de la consommation d’alcool ces dernières décennies. Il va aussi à l’encontre des conseils de l’OMS et représente une vue très parcellaire qui néglige les effets bénéfiques mis en évidence par les scientifiques depuis longtemps en particulier pour les maladies cardio-vasculaires. On se demande donc, dans ces conditions, pourquoi une telle attaque? Certes le plan cancer mise en place sous la présidence Chirac s’avère être un échec [xxvii] , de l’admission d’un des cancérologues français les plus réputés. Il est vrai que rechercher les causes réelles de cette progression de la maladie implique probablement de s’attaquer à des lobbies autrement plus puissants que ceux de l’alcool et du vins mais en s’attaquant à un bouc émissaire on ne fait qu’éluder le problème bien réel d’une maladie qui fait peur à tout le monde et pour laquelle le corps médical est souvent désarmé.

EPILOGUE : Le rapport de l’Institut du Cancer ; un cas d’étude de désinformation du public


1. Placer la communication sous l’égide d’une autorité incontestable (l’Institut National du Cancer)


2. Sous-traiter la tâche (au Réseau National Alimentation Cancer Recherche) avec une mission précise : démontrer scientifiquement que l’alcool est néfaste. Cette organisation jouera le rôle de fusible au cas où le rapport viendrait à être trop critiqué.


3. Etablir un rapport substantiel mais sélectif et biaisé pour respecter l’ordre de mission.


4. Faire reprendre le rapport par une agence de communication qui amplifie les biais et se revendique de l’Institut National du Cancer.


5. Communiquer les résultats avant même qu’il y ait eu le moindre arbitrage politique sur ce rapport (après tout à quoi sert la démocratie !!??).


6. Générer un maximum de reprise dans la presse qui amplifiera encore les biais. Peu importe par la suite ce qui arrivera au rapport car le de toute façon le message aura été transmis !!



Article consultable sur les blogs de Claude Gilois, Vins du Monde : http://decouvertesvinsdumonde.blogspot.com/ et http://voyagesvinsdumonde.20minutes-blogs.fr/



[1] www.e-cancer.fr/v1/retournefichier.php?id=2671

[2] En anglais World Health Organization (WHO) est l'institution spécialisée de l'ONU pour la santé. Elle dépend directement du Conseil économique et social des Nations unies et son siège se situe à Genève.

[3] La définition d’une unité est expliquée page 6.

[4] Benjamin Disraeli. Homme de lettres et politicien anglais, plusieurs fois Premier Ministre. (1804-1881),
[5] On retrace l’origine de pré-humains entre 3 et 8 millions d’année mais il est généralement admis (pour l’instant) que l’origine de l’Homme se situe aux alentours de 3 millions d’années.

[6]. Directive 2001/59/CE de la Commission du 6 août 2001 adaptation au progrès technique de la directive 67/548/CEE du Conseil Européen.
[7] Les cytochromes sont des coenzymes intermédiaires de la chaîne respiratoire. Le cytochrome P450 (CYP) a une importance particulière en médecine et en pharmacie. En effet, cette enzyme est très impliquée dans la dégradation des molécules exogènes (xénobiotiques), en particulier des médicaments dont on peut dire que l’alcool fait partie.
[8] Les radicaux libres sont des molécules d'oxygène instables et incomplètes qui peuvent se retrouver dans l'organisme et qui tentent de s'accoupler à des éléments de nos propres cellules afin de se compléter. Dans l'opération, ils détruisent alors des cellules saines. Ils entraînent des dommages à notre organisme un peu comme la rouille sur le métal d'une automobile. Les radicaux libres seraient les premiers responsables du vieillissement prématuré et d’un nombre important de maladie dont les cancers.

[9] Un polymorphisme génétique (du grec "poly" plusieurs et "morphos" formes) est le fait qu'une espèce présente différents variantes au sein d'une même population. Le polymorphisme concerne toutes les espèces. Ce sont des variations liées aux mutations génétiques et aux différentes adaptations.

[10] Le traitement antialcoolique est basé sur le principe de l’inhibition de l’acétaldéhyde déshydrogénase par le Disulfirame, provoquant des réactions similaires à celles rencontrées dans le syndrome de déficience de l’ALDH et qui découragent les malades de consommer de l’alcool. .
[11] Données fournies par l’institut National du Cancer dans son rapport de novembre 2008 « Alcool et Risques de Cancer ».

[12] L’étude des facteurs qui influent sur la santé et les maladies des populations humaines.

[i] Sournia JC. Histoire de l’Alcoolisme. Edition Flammarion : 1986. ISBN : 9 782080 649478.
[ii] Enzyme du métabolisme de l’ethanol.disc.vjf.inserm.fr/basisrapports/alcool_effets/alcool_effets_ch2.pdf
[iii] Swift R. Alcohol hangover. Mechanisms and mediators. Alcohol Health Res World. 1998;22:54-60.
[iv] Eckström et Ingelman-Sundlerg .Rat liver microsomal NADPH supported oxidase activity and lipid peroxidation dependent on ethanol-inducible cytochrome P450 (P450 IIE1).Biochem Phamacol 1989.38:1313-1319.
[v] Dupond I, Bodenez P, Berthou F, Simon B, Bardou LG, Lucas D. Cytochrome P4502E1 activity and oxidative stress in alcoholic patients. Alcohol 2000, 25:98-103.
[vi] ROBERTS BJ, SHOAF SE, JEONG KS, SONG BJ. Induction of CYP2E1 in liver, kidney, brain and intestine during chronic ethanol administration and withdrawal. Biochem Biophys Res Commun 1994, 205: 1064-107 1
[vii] MISHIN VM, ROSMAN AS, BASU P, KESSOVA I, ONETA CM, LIEBERS CS. Chlorzoxazone pharmacokinetics as a marker of hepatic cytochrome P4502E1 in humans. Am J Gastroenterol 1998, 93 : 2154-2161
[viii] LUCAS D, MENEZ C, GIRRE C, BODENEZ P, HISPARD E, MENEZ JF. Decrease in cytochrome P4502E1 as assessed by the rate of chlorzoxazone hydroxylation in alcoholics during the withdrawal phase. Alcohol Clin Exp Res 1995a, 19 : 362-366
[ix] Land WE. A review of alcohol clearance in humans. Alcohol 1998. 15: 147-160
[x] . Frezza, M.; Di Padova, C.; Pozzato, G.; Terpin, M.; Baroana, E.; & Lieber. C.S. High blood alcohol levels in women: The role of decreased gastric alcohol dehydrogenase activity and first-pass metabolism. The New England Journal of Medicine 322(2):95-99, 1990
[xi] BOSRON WF, LI TK. Genetic polymorphism of human liver alcohol and aldehyde dehydrogenases, and their relationship to alcohol metabolism and alcoholism. Hepa­tology 1986, 6 : 502-5 10
[xii] CRABB DW. Ethanol oxidizing enzymes: roles in alcohol metabolism and alcoholic liver disease. ProgLiverDis 1995,13:151-172
[xiii] LI TK, YIN SJ, CRABB DW, O’CONNOR S, RAMCHANDANI VA. Genetic and environmental influences on alcohol metabolism in humans. Alcohol Clin Exp Res 2001, 25 : 136-144
[xiv] BORRAS E, COUTELLE C, ROSELL A, FERNANDEZ-MUIXI F, BROCH M et al. Genetic polymorphism of alcohol dehydrogenase in europeans : the ADH2*2 allele decreases the risk for alcoholism and is associated with ADH3* 1. Hepatology 2000, 31: 984-989
[xv] Thomasson HR, Edenberg HJ, Crabb DW, et al.. (April 1991). "Alcohol and aldehyde dehydrogenase genotypes and alcoholism in Chinese men". American Journal of Human Genetics 48 (4): 677–81. PMID 2014795.
[xvi] Crabb DW, Matsumoto M, Chang D, You M (February 2004). "Overview of the role of alcohol dehydrogenase and aldehyde dehydrogenase and their variants in the genesis of alcohol-related pathology". The Proceedings of the Nutrition Society 63 (1): 49–63. doi:10.1079/PNS2003327. PMID 15099407.
[xvii] Brooks et al. The Alcohol Flushing Response: An Unrecognized Risk Factor for Esophageal Cancer from Alcohol Consumption. PLoS Medicine, 2009; 6 (3): e50 DOI: 10.1371/journal.pmed.1000050
[xviii] Crab, D.W. et al. (2002). Overview of the role of alcohol dehydrogenase and aldehyde dehydrogenase and their variants in the genesis of alcohol-related pathology. Proceedings of the Nutrition Society 63:49-63.
[xix] Roberts C, Robinson SP. Alcohol concentration and carbonation of drinks: the effect on blood alcohol levels. J Forensic Leg Med. 2007 Oct;14(7):398-405. Epub 2007 May 16.
[xx] Taubes G. Epidemiology Faces Its Limits. , 1995. Science. 269(5221):164-169.
[xxi] Baillargeon N. Petit cours d’autodéfense intellectuelle. ISBN978-2-89596-044-7.2006, P 252.
[xxii] Gravel P. De Ptolémée à Newton et Poisson. Des scientifiques moins rigoureux que leur disciple, tiré du Devoir. Novembre 2002, p 83.
[xxiii] Bofeta P et Garfinkel L. Alohol drinking and mortality among men enrolled in an american Cancer Society prospective study. 1990. Epidemiol. 1.342-348.
[xxiv] Renaud Serge Pr. Le régime crétois.2004. Edition Odile Jacob. ISBN :2-7381-1471-7
[xxv] Gronbaek M, Deis A, Sorensen TIA, Becker U, Schnohr P, Jensen G. Mortality associated with moderate intakes of wine, beer, or spirits. Br Med J 1995;310:1165-1169.
[xxvi] Klatsky A.L., Armstrong MA et Friedman DG., Alcohols and mortality. Ann. Inter. Med.117,1992, p 646-654.
[xxvii] Belpomme D Pr. Guérir d un cancer ou s’en protéger. Edition Fayard. 2007. ISBN : 9 782213 624204.


vendredi 11 septembre 2009

VITUCULTURE-VINIFICATION : UN RETOUR PROGRESSIF AUX SOURCES

Claude Gilois, MBA,FIMBS, PDG, Vins du Monde


Cette article est la version complète de l’article paru dans le catalogue de septembre 2009.
Pour la première fois dans note catalogue de septembre 2009 nous donnons le type de viticulture pratiqué par les producteurs listés au catalogue Vins du Monde.


Nous pouvons constater que, depuis quelques années, beaucoup de domaines reviennent à une culture plus respectueuse de l’environnement avec la biodynamie et la culture biologique en particulier. Par contre, l’industrie chimique et agroalimentaire ont su habilement récupérer dans son giron le concept d’agriculture raisonnée et l’agriculture biologique pourrait bien en partie être victime de cette récupération dans les années qui viennent.
C’est en 1987 qu’apparait le concept d’Agriculture « durable ». C’est la traduction française du terme anglophone « sustained » (En 1989 la traduction de « sustained » sera modifiée de « durable » en « soutenable ») [1].
La définition du « développement « soutenable » a été rédigée par la Commission Mondiale de l’Environnement en 1987 et est consignée dans le rapport Brundland :
«Un développement durable (soutenable) qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. »
Ce concept d’agriculture soutenable est basé sur : l’efficacité énergétique, l’indépendance alimentaire, la réduction des instants (engrais, pesticides, herbicides), la sélection des semences pour des rendements optimaux pour l’agriculteur et pour l’environnement et pas nécessairement pour l’industrie agro-alimentaire. Cette forme d’agriculture a pour but d’optimiser les revenus et de développer l’emploi agricole. La rentabilité économique, le respect environnemental et le respect social sont les piliers de ce concept.


L’Agriculture Raisonnée : On prend les mêmes et on recommence


En France, cette définition de l’Agriculture soutenable a été reprise sous plusieurs formes mais principalement par le Gouvernement sous la forme du concept de l’Agriculture Raisonnée qui se définit par l’adhésion à un mode de production agricole qui vise à une meilleure prise en compte de l'environnement par les exploitants. En France, le concept est soutenu par les pouvoirs publics (ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie) et la promotion est assurée par le réseau FARRE (Forum de l'Agriculture Raisonnée Respectueuse de l'Environnement). Il existe un Cahier des Charges National (Le Référentiel de l’Agriculture raisonnée) qui porte sur le respect de l’environnement, la maîtrise des risques sanitaires, la santé et la sécurité au travail et le bien-être des animaux.
Quand on examine le Référentiel de l’Agriculture Raisonnée, une certification est attribuée aux exploitants agricoles respectant les principes de l'agriculture raisonnée. Sur les 103 mesures listées 45 sont des exigences réglementaires déjà en vigueur. 19 sont des engagements de l’agriculteur à respecter dans les 2 ans mais qui devront éventuellement faire l’objet d’un organisme de certification. Quant au reste ce sont simplement la vulgarisation des bonnes pratiques agro-environnementales. On est quand même loin des principes fondateurs du concept de l ’Agriculture soutenable proposés dans le rapport Brundland et dont le site internet de FARRE en reprend quand même la définition sur son site internet.
L’agriculture raisonnée ne remet pas suffisamment en cause les méthodes de l'agriculture traditionnelle intensive, en particulier, l’utilisation des intrants de l’industrie chimique agricole ainsi que celles des OGM
[2]. C’est un compromis entre les institutions gouvernementales et l’industrie chimique de l’agro-alimentaires et des concessions aux lobbies particulièrement puissants de cette industrie qui souvent sponsorisent des programmes de recherche d’institutions publiques et dont les dirigeants peuvent être, par le système du «pantouflage »[3] responsables politiques dans les gouvernements et dirigeants des les entreprises agroalimentaires.


Et l’agriculture Biologique ? Va-t-elle dans la bonne direction?

Même si on constate une amélioration sensible de la qualité des sols avec l’agriculture biologique, elle s’est malheureusement fourvoyée dans des grossières simplifications conceptuelles. Si tout intrant chimique de synthèse est interdit en agriculture biologique, celle -ci utilise sans le moindre état d’âme les pyréthenes [4] et le roténone[5], deux insecticides tirés des végétaux. Leur biodégradabilité est certes plus rapide, et s’agissant des pyréthenes ils sont moins nocifs qu’un grand nombre d’insecticides issue de la chimie de l’agroalimentaire. L’usage du roténone par contre est plus contesté car de son champ d’action est plus large et il induit la maladie de Parkinson[6] chez les rats[i]. La banalisation de son emploi coïncide étrangement avec l’augmentation de la maladie de Parkinson [ii].La commission européenne à depuis le 10 avril 2008 demandé à tous les Etats Membres de retirer les autorisations des produits contenant du roténone [iii]. La France bénéficie d’un délai supplémentaire jusqu’en 2011 pour des usages, entres autres sur la vigne, ce qui confirme le statut prépondérant de la France en Europe dans l’utilisation des produits chimiques.
L’agriculture biologique ne se prive pas non plus de l’utilisation des phéromones synthétiques qui empêchent l’accouplement des insectes prédateurs de la vigne mais aussi celui des insectes amicaux comme les prédateurs du micro-organisme responsable de la Flavescence Dorée qui ne peuvent être traités que par des intrants chimiques puissants, dommageable pour l’environnement, ou souvent par l’arrachage des vignes.
La bouillie bordelaise, à base de sulfate de cuivre est utilisée dans le traitement du Plasmopara viticola, l’agent du Mildiou est particulièrement controversée pour la toxicité du cuivre sur les sols et dans les milieux aquatiques, ce qui va conduire à une réduction drastique de son usage même en agriculture conventionnelle dans les années qui viennent. La bouillie bordelaise est autorisée en agriculture biologique dans certaines limites : Depuis le 1er janvier 2006, dans la limite maximale de 6 kilogrammes de cuivre par hectare et par an, pour les cultures pérennes, comme celles de la vigne, les États membres peuvent porter par dérogation la dose maximale jusqu'à 38 kilogrammes de cuivre par hectare (jusqu'au 31 décembre 2006). Elle devra décroître au delà. Nous n’avons rien trouvé dans la littérature à ce sujet qui indique que les quantités autorisées aient été revues à la baisse en 2007.
On peut aussi légitiment s’interroger sur l’impact carbone de ces traitements préventifs répétés par l’utilisation des tracteurs aussi que l’impact sur la biologie des sols par leur compactage du passage des engins mécaniques pour l’épandage de la bouillie bordelaise.

La Biodynamie : La solution finale ou sorcellerie

Le concept de culture biodynamique date de 1924 et a été formulée par Steiner qui est issu de l’anthroposophie, (également appelée
science de l'esprit ). Elle avait pour but, à l’époque, de répondre aux inquiétudes de certains agriculteurs préoccupés par la dégénérescence de certaines cultures. Ses fondements sont donc plus empiriques que scientifiques.
L’agriculture biodynamique a pour but d'obtenir des
plantes saines avec un rendement optimum, tout en évitant d'épuiser les sols par une exploitation trop intensive. La base de ces agricultures est l'emploi du compost, réalisé, pour l'essentiel, à partir de fumier, de déchets végétaux et de terre, en fait de toute substance naturelle végétale ou animale susceptible d'être décomposée par les micro-organismes et les êtres vivants dans le compost. L’agriculture Biodynamique utilise aussi la technique des plantes compagnes, c'est-à-dire de plantes qui se renforcent mutuellement par leur proximité. L’utilisation de produit phytosanitaire de synthèse est rigoureusement interdite.
En agriculture biodynamique, on accorde une grande importance aux rythmes dans la nature. L'agriculteur biodynamique tient compte des
phases lunaires, et parfois des planètes, des rythmes circadiens, des rythmes saisonniers.
Il existe un label spécifique à la culture Biodynamique, le label « Demeter » ainsi qu’un label « Biodyn » spécifique à la viticulture.
Certains des plus grands domaine viticoles mondiaux pratiquent cette agriculture (Domaine de la Romanée Conti, Domaine Leflaive, La Coulée de Serrant, Domaine Zind Humbrecht etc ).
Dans l’ensemble, ce type de viticulture semble plus adapté aux petits domaines hautement qualitatifs.


La viticulture intégrée : une voie novatrice et intéressante

Nous avons été surpris quand , Alessandria, producteur piémontais de Barolo, Barbera et Dolcetto nous a répondu qu’il pratiquait ce type de viticulture.
Le concept d’agriculture intégrée définie des pratiques agricoles pour produire des aliments en utilisant les moyens les plus naturels possibles et des mécanismes régulateurs pour remplacer les apports chimiques et polluants. C’est une approche holistique (totale). L’exploitation agricole est considérée comme une unité de base dans laquelle évoluent les cultures et les espèces animales en complète complémentarité.
Les animaux sont envoyés dans les champs et les vignes après la récolte ou vendange pour « nettoyer » les sols des résidus. Leurs déjections apportent de l’engrais au sol. La préservation de la fertilité des sols est un aspect essentiel de ce type d’agriculture. Les moyens biologiques, chimiques et techniques sont utilisés uniquement en compléments de ce qui ne peut pas être fait pas les espèces végétales ou animales et pour maintenir les exigences économiques de rentabilité de l’exploitation.
Elle approche en similaire à l’agriculture soutenable mais elle ajoute une dimension de proximité. L’exploitation est un écosystème en équilibre et dont les productions font vivre l’économie locale et ne sont pas destinées à être introduites - dans le système logistique de la distribution aujourd’hui largement mondialisée.


Et dans les chais ?

Il n’y a pas à proprement parlé de vins biologiques comme beaucoup le pense. Seule la viticulture peut être biologique (ou organique). Il n’y a pas encore de certification pour la vinification et le biologique s’arrête en général à la porte des chais et c’est tant mieux !
Beaucoup des ces viticulteurs biologiques sont des fervents supporters ou des élaborateurs de vin nature et dans bien des cas ils utilisent des concentrations de soufre minime (quand ce n’est pas tout simplement l’absence totale de soufre). Des vins élaborés de cette façon conduisent à des déviances de tel sorte qu’ils ont souvent des arômes de basse cour ou bien pétillent si bien que l’on assiste aujourd’hui à la constitution d’un circuit de distribution spécialisé (bars à vin et cavistes) dirigé par des intégristes du bio ou/et du « sans soufre » pour initier le consommateur au plaisir du vins « déviant ».
Ce type d’agriculture est trop vulnérable aux conditions adverses extrêmes comme on l’a vu en 2006 où de nombreux viticulteurs en agriculture biologique ont perdu leur récolte pour rester en biologique ou bien sont sortis de l’appellation bio pour sauver une récolte qui n’aurait pu l’être autrement que par l’utilisation de produits phytosanitaires.
En agriculture biologique, on se ne préoccupe pas ou peu de l’impact environnemental ni de l’impact carbone de ce type d’agriculture. En Californie on commence à voir apparaitre des fermes immenses totalement gérées en agriculture biologique qui emploient des moyens encore plus conséquent en ressources énergétiques que ceux utilisés en agriculture conventionnelle. Les produits issus de l’agriculture biologique ne remettent pas non plus en cause le système de distribution aberrant qui fait voyager par avion sur de milliers de kilomètres des denrées alimentaires qui pourraient tout aussi bien être produites localement.
L’agriculture biologique n’est elle-même pas une agriculture durable car elle ne traite qu’une petite partie d’un système qui doit se concevoir comme un ensemble. Une agriculture durable peut être biologique mais une agriculture biologique ne peut être une agriculture durable.
Si la chimie a envahie les vignobles, elle n’a pas été reste dans les chais non plus avec la chaptalisation, l’acidification, le soufre, les conservateurs, les copeaux, de bois, les ajouts d’améliorateurs du goût, d’édulcorants, de tanins, d’eau. La liste serait trop longue pour tous les citer ici. Parallèlement les technologies modernes se sont aussi imposées (micro-bullage
[7], osmose inverse[8], distillation à cônes rotatifs sous vide[9]) pour le meilleur ou pour le pire. On peut voir ici et là, aux détours de nos visites dans certains des plus grands domaines viticoles, des « concentrateurs » ou « micro-bulleurs » (dont on nous assure qu’ils n’ont jamais été utilisés et qu’ils ne le seront jamais). On se demande pourquoi on finance de tels équipements inutiles à moins que l’on considère que cela fasse partie, de nos jours, de l’esthétique d’un chai. Mais il est vrai que l’on vous répète, dans ces domaine, que le vin se fait dans la vigne et non pas dans les chais !
Et puis beaucoup ont succombé au système Parker-Rolland
[10] d’uniformisation du goût qui rend toute tentative d’identification du terroir d’origine des vins quasiment impossible. Sans que cela fasse nécessairement de mauvais vins, il est quand même plus que dommage de voir disparaître cette notion d’origine, d’appartenance à un lieu, de terroir qui a sous-tendu au fil des siècle le travail de l’ homme pour tirer la meilleure adéquation entre le terroir et la vigne et faire qu’un vin produit sur une parcelle, soit différent d’un autre produit sur un parcelle voisine. Des vins de la Rioja en Espagne (région fraiche à 600 mètres d’altitude) ont maintenant la couleur et la densité des vins de la Ribera del Duero (région plus sudiste et moins élevée). Les vins faits à partir du cépage Nebiolo deviennent noir comme de l’encre digne des plus somptueux Cabernet Sauvignon.
La recette du système Parker-Rolland est simple même si on la simplifie un peu ici. , il faut récolter tard à maturité parfaite certains disent en parfaite maturité pour faire de la confiture. Il faut de la couleur et il faut du bois, du bon, du bien toasté et beaucoup ; Et puisque comme les clients ne peuvent pas attendre il faut microbuller, encore microbuller et toujours microbuller
[11] les moûts. Alors on arrive à des vins qui ont beaucoup plus a voir avec la technologie qu’avec les terroirs dont ils sont issus mais au moins on aura des vins qui plairont à Bob [12] et Bob, il donnera des bonnes notes et les bonnes notes apponteront du bon business à Miguel [13] qui lui permettront de donner à Bob la primeur de ses découverte pour que Bob en parle avant les autres [iv]. Ces deux grands talents ne sont que la réflexion de notre temps, celle de la volonté de l’homme de s’affirmer au dessus de la nature et de son histoire avec la complicité mercantiles des producteurs prêts à faire des vins « contre nature » pour s’attirer les faveurs des critiques! Pour ceux qui résistent, courage, ils sont dans le vrai car comme tous, les faiseurs d’opinion d’un moment finiront comme la plupart dans la « fosse commune du temps » [14]et la nature reprendra ses droits, comme toujours, à moins que de la nature il n’en reste pas grand-chose après que le changement climatique ne soit passé par là.

[1] Le gouvernement français ayant refusé de prendre en charge financièrement la traduction celle-ci fut effectuée pas des québécois.

[2] Organsimes Genetiquement modifiés. Sont des organismes dont le patrimoine génétique a été modifié par l’homme.

[3] Le « pantouflage » est le passage d un haut fonctionnaire (qui souvent exerce des responsabilités importantes au gouvernement) de la fonction publique à l’entreprise privée.
[4] Un pesticide à basse toxicité dérivé de la fleur de Chrysanthème

[5] Le Roténone est une molécule organique naturellement produite par certaines plantes tropicales qui est toxique pour un grand nombre d’espèces animales à sang froid.
[6] La maladie de Parkinson est une maladie neurologique caractérisée par la dégénérescence d'une population de cellules nerveuses (neurones) situées dans le Locus Niger ou Substance Noire, petite structure mesurant quelques millimètres et située à la base du cerveau.

[7] Technique aussi appelle micro-oxygénation mise au point en Madiran par les frères Laplace et Patrick Ducourneau. Cela consiste à injecter dans la cuve de fermentation de l'oxygène en petite quantité grâce à un appareil qui fonctionne un peu à la manière d'une pompe pour aquarium: cela précipite les anthocyanes et permet de doser l'élevage en bois neuf. Cela peut être considéré comme une accélération du processus d’élevage qui se fait habituellement en barrique.
[8] L’osmose inverse est un système de purification d’une solution (du mout pour le vin) au travers d’un filtre qui est sous pression hydrostatique (50-60 bars) et qui force les molécules d’eau à franchir la membrane, concentrant ici le moût.

[9] Utilisé pour réduire la teneur en alcool des vins grâce à la technique CCR (Colonne de cônes rotatifs), une distillation mécanique, effectuée sous vide, à température ambiante. Le vin s´écoule sur des cônes empilés qui tournent à une vitesse déterminée. Sous l´effet de la force centrifuge, le liquide est transformé en une couche mince et turbulente, balayée, dans le sens inverse, par un flux de vapeur qui entraîne les composés volatils du vin. La quantité d´alcool nécessaire est ainsi prélevée, mais aussi les arômes les plus volatils qui sont réinjectés dans le vin partiellement désalcoolisé.

[10] Robert Parker est le critique viticole le plus puissant au monde. Ses notes influence fortement le prix des vins sur les marché du monde. Michel Roland est l’œnologue consultant le plus connu et consulte pour un grand nombre de domaine à travers le monde.
[11] Propos tenu par Michel Roland et rapportes dans le film de Jonathan Nossiter, Mondovino.

[12] Le nom familier donné à Robert Parker dans le milieu du vin.

[13] Le nom familier donné à Michel Roland.

[14] Expression utilisé par Georges Brassens dans la chanson le « testament » sur album Chanson pour l’Auvergnat »

[i] La Roténone : données nouvelles et réflexions : Dr. Bernard Mauchamp, Unité Nationale Séricicole, INRA, 25 quai J.-J. Rousseau, 69350 La Mulatière
[ii] La Roténone : données nouvelles et réflexions.2005. Dr. Bernard Mauchamp. Unité Nationale Séricicole, INRA, 25 quai J.-J. Rousseau, 69350 La Mulatière
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[iii] La décision de la Commission européenne n°2008/317/CE du 10 avril 2008.

[iv] Robert Parker : Anatomie d’un mythe. Hanna Agostini. Edition Scali 2007. ISBN : 978-2-35012-186-4.