mardi 2 février 2010

Le French Paradox, enfin une explication: le Vin

par Claude Gilois
Dans un article publié sur le site Plus 0ne, des chercheurs de l’INSERM d’Angers et de Toulouse associés à une équipe de statisticiens de Strasbourg, ont montré que les polyphénols [1] contenus, entres autres dans le vin, avaient la capacité d’induire un effet protecteur comparable à l’œstrogène [2] sur les maladies cardio-vasculaires.

The French Paradox

Le paradoxe français (french paradox) est l'expression qu'emploient les anglophones et les diététiciens pour désigner une apparente contradiction entre la pratique alimentaire des français et leur santé, un terme inventé en 1992 par Serge Renaud, cardiologue et professeur de l'Université de Bordeaux.

Il ne s'agit en fait pas du régime alimentaire de toute la population française mais uniquement de celle du Sud-Ouest. Dans cette partie de la France, en effet, l'alimentation est globalement assez riche en matières grasses (foie gras, confit de canard) et en vins, voire même en boissons alcoolisées, alors que la santé globale des population est assez bonne, que le taux d'infarctus est de seulement 80 pour 100 000 par an, soit 4 fois moins qu'aux États-Unis, et que l'espérance de vie est de 10 ans plus élevée que dans le nord-est de la France.

Le remise en cause du french paradox par l’Institut National du Cancer

Dans une publication de Novembre 2008, L’institut National du Cancer contestait cet effet bénéfique du French Paradox et indiquait que cette association était fausse car les groupes servant de groupes de référence avaient été mal constitués et que de toute façon, les buveurs de vin avait un style de vie plus favorable à la santé et que leur alimentation était meilleure que ceux de la population en général ce qui expliquait le phénomène apparent du French Paradox (sic)[i].

Le mécanisme par lequel cet effet protecteur pouvait être assuré avec les polyphénols était jusqu'à présent inconnu même si les études épidémiologiques penchaient plutôt en faveur de l’existence d’un lien de cause à effet direct.

La littérature scientifique récente fait état non seulement d’une grande similarité dans la structure des polyphénols (aussi appelés phytoestrogènes) et l’œstrogène mais aussi dans l’effet produit par ces deux molécules sur le corps humain. Les études épidémiologiques ont montré que les femmes étaient moins sujettes à des problèmes cardio-vasculaires que les hommes et que cet effet disparaissait progressivement après la ménopause quand l’œstrogène diminue dans le corps de la femme. Des études scientifiques ont prouvé que l’implication de la réduction des maladies cardiovasculaires chez le rat était due aussi à l’œstrogène. Cette protection se fait par l’intermédiaire d’un récepteur appelé Erα et par la libération de monoxyde d’azote par le tissus endothéliaux des artères suite à l’activation de ce récepteur.

Il était donc légitime de penser que l’effet protecteur des polyphénols pourrait se faire de la même façon que l’effet protecteur conféré par l’ œstrogène contre les maladies cardio-vasculaires.

Ils ont donc soumis des souris rendues déficientes pour le récepteur Erα et d’autres avec un récepteur Erα intact a des formes variés de polyphénols tels qu’on les retrouvent dans le vin.
Ils ont ainsi constaté que les polyphénols induisaient bien l’activation du récepteur Erα (et la libération du monoxyde d’azote qui engendre une relaxation vasculaire bénéfique) chez les souris avec un récepteur Erα intact mais pas chez celles rendues déficientes pour ce récepteur.

Cette découverte est d’une importance majeure pour les buveurs de vin qui possèdent aujourd’hui une explication scientifique et une preuve irréfutable de bienfait du vin sur le système cardiovasculaire et elle ouvre des perspectives de traitement de ces maladies par les polyphenols.

[1] Les polyphénols constituent une famille de molécules organiques largement présente dans le règne végétal. Ils sont caractérisés, comme l’indique le nom, par la présence de plusieurs groupements phénoliques associés en structures plus ou moins complexes généralement de haut poids moléculaire. Ces composés sont les produits du métabolisme secondaire des plantes. Les polyphénols prennent une importance croissante, notamment à cause de leurs effets bénéfiques sur la santé. En effet, leur rôle d’antioxydants naturels suscite de plus en plus d'intérêt pour la prévention et le traitement du cancer, des maladies inflammatoires, cardiovasculaires et neurodégénératives.

[2] Constitue un groupe de stéroïdes, dont la fonction, à l'état naturel, est d'être une hormone sexuelle femelle primaire. Ils sont produits en premier lieu par le développement des follicules des ovaires


[i]
www.e-cancer.fr/v1/retournefichier.php?id=2671