mercredi 22 avril 2009

LES DIFFERENTS TYPES DE CULTURE DE LA VIGNE :

Il existe une certaine confusion sur l’utilisation des termes qui décrivent les pratiques agricoles. Nous expliquons ici succinctement les différentes formes d’agriculture les plus utilisées aujourd’hui dans la culture de la vigne. Cette information fera partie du nouveau catalogue Vins du Monde.



CULTURE BIODYNANIQUE :

Le concept de culture a été formulé en 1924 par Steiner et est issue de l’anthroposophie,(également appelée science de l'esprit). Elle avait pour but, à l’époque, de répondre aux inquiétudes de certains agriculteurs préoccupés par la dégénérescence de certaines cultures. Ses fondements sont donc plus empiriques que scientifiques.

L’agriculture biodynamique a pour but d'obtenir des plantes saines avec un rendement optimum, tout en évitant d'épuiser les sols par une exploitation trop intensive. La base de ce système est l'emploi du compost, réalisé, pour l'essentiel, à partir de fumier, de déchets végétaux et de terre, en fait de toute substance naturelle végétale ou animale susceptible d'être décomposée par les micro-organismes et les êtres vivants dans le compost. L’agriculture Biodynamique utilise aussi la technique des plantes compagnes, c'est-à-dire de plantes qui se renforcent mutuellement par leur proximité. L’utilisation de produit phytosanitaire de synthèse est rigoureusement interdite.

En agriculture biodynamique, on accorde une grande importance aux rythmes dans la nature. L'agriculteur biodynamique tient compte des Phases_lunaires, et parfois des planètes, des rythmes circadiens, des rythmes saisonniers.

Il existe un label spécifique à la culture Biodynamique, le label « Demeter » ainsi qu’un label Biodyn spécifique à la viticulture.

Certains des plus grands domaines viticoles mondiaux pratiquent cette agriculture (Domaine de la Romanée Conti, Domaine Leflaive, La Coulée de Serrant, Domaine Zind Humbrecht etc )




CULTURE ORGANIQUE OU BIOLOGIQUE :

Il n’y a pas à proprement parler de vins biologiques comme beaucoup le pense. Seule la viticulture peut être biologique (ou organique). Il n’y a pas encore de certification pour la vinification et le biologique s’arrête en général à la porte des chais.

Le mouvement de l’agriculture biologique tire son origine en réaction à l’avènement de l’agrochimie, au milieu du 19 ieme siècle et surtout au développement des intrants issus de la chimiosynthèse dans les années 1930.

Comme son équivalent anglophone (Organic farming), l'expression francophone Agriculture biologique apparue vers 1950 est, au sens littéral, un pléonasme car il n'existe pas d'agriculture non biologique ou non organique. Mais elle a été choisie pour différencier cette agriculture des systèmes de production agricole faisant appel aux intrants chimiques (engrais), aux pesticides dits « phytosanitaires » (tels que herbicides, insecticides ou fongicides, hormones de synthèses, antiparasitaires…). L’interdiction des produits chimiques n’est pas totale en agriculture biologique. Elle est plus restrictive mais les pyréthenes et le roténone, deux insecticides tirés des végétaux sont autorisés. Leur biodégrabilité est plus rapide et s’agissant des pyréthenes ils sont moins nocifs qu’un grand nombre d’insecticides issue de la chimie de l’agroalimentaire. L’usage du roténone est plus contesté. En effet son champ d’action est plus large et il induit entre autres la maladie de Parkinson chez les rats 1. La Banalisation de son emploi coïncide étrangement avec l’augmentation de cette maladie 2. La commission européenne a depuis le 10 avril 2008 demandé à tous les Etats Membres de retirer les autorisations des produits contenant de la roténone 3. La France bénéficie d’un délai supplémentaire jusqu’en 2011 pour des usages, entre autres sur la vigne, ce qui confirme le statut prépondérant de la France en Europe dans l’utilisation des produits chimiques.

La bouillie bordelaise, a base de sulphate de cuivre, est utilisée dans le traitement du Plasmopara viticola, l’agent du Mildiou, est particulièrement controversée pour la toxicité du cuivre sur les sols et dans les milieux aquatiques, ce qui va conduire à une réduction drastique de son usage même en agriculture conventionnelle dans les années qui viennent. Cette évolution est une contrainte forte pour l’agriculture biologique de la vigne et l’arboriculture fruitière.

La bouillie bordelaise est autorisée en agriculture biologique dans certaines limites : depuis le 1er janvier 2006, dans la limite maximale de 6 kilogrammes de cuivre par hectare et par an. Pour les cultures pérennes, comme la vigne, les États membres peuvent porter par dérogation la dose maximale jusqu'à 38 kilogrammes de cuivre par hectare (jusqu'au 31 décembre 2006). Elle devra décroître au delà. Nous n’avons rien trouvé dans la littérature sur ce sujet qui indique que les quantités autorisées aient été revues à la baisse en 2007.

Elle est similaire à l’agriculture Biodynamique mais elle n’accorde pas tout à fait la même importance rythme de la nature.

L'agriculture biologique est réglementée au niveau international et définie légalement dans de nombreux pays. Le mot « bio » est un label défini par le ministère de l’agriculture française puis par la communauté européenne. Il signifie que les produits que nous mangeons ou utilisons ne contiennent aucun élément chimique de synthèse fabriqué par l’homme.



L’AGRICULTURE CONVENTIONELLE :

Le passage de l’agriculture traditionnelle à l’agriculture conventionnelle s’est essentiellement fait à partir de la moitié du 18 ème siècle.

Elle a coïncidé avec la révolution industrielle et la découverte de nombreuses innovations qui ont permis le passage d’une civilisation à dominante agraire non productive à une société urbaine et une agriculture de plus en plus productive. La révolution agricole a permis de soutenir l’évolution démographique en permettant la disparition des disettes. Cela a aussi contribué à réduire la population agraire et à accélérer l’urbanisation.

Cela a aussi aboutit a une forte spécialisation de l’agriculture (monoculture) si bien que les plantes utilisées par l’alimentation humaine ont été réduites de plusieurs milliers à a peine plus d’une centaine 3. L’agriculture conventionnelle est aussi caractérisée par l’utilisation d’intrants de plus en plus nombreux (engrais de synthèse, pesticides, herbicides).

La recherche agricole s’est concentrée pratiquement exclusivement sur l’augmentation de la productivité agricole et corollairement sur la maximisation des profits pour les sociétés, aujourd’hui multinationales, responsable du développement du modèle productiviste.
La pratique prolongée de ce modèle d’agriculture commence à révéler ses limitations. Elle conduit de plus en plus à une dégradation des sols (salinisation, érosion, contamination de nappes phréatiques, surutilisation des ressources en eaux, danger pour la santé animale et humaine).
Ce modèle d’agriculture développé dans les pays industrialisés s’est progressivement transplanté au pays en voie de développent sous la pression des multinationales à la recherche de nouveaux marchés.

Il existe aujourd’hui une remise en question dans les pays industrialisés (où la pression alimentaire n’existe pas) de ce type d’agriculture au profit de l’agriculture raisonnée, intégrée, biologique et biodynamique.




AGRICULTURE RAISONNEE :

L'agriculture raisonnée est un mode de production agricole qui vise à une meilleure prise en compte de l'environnement par les exploitants. En France, le concept est porté par les pouvoirs publics (ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie) et la promotion est assurée par le réseau FARRE (Forum de l'Agriculture Raisonnée Respectueuse de l'Environnement). Le Cahier de Charges porte sur le respect de l’environnement, la maîtrise des risques sanitaires, la santé et la sécurité au travail et le bien-être des animaux. Une certification est attribuée aux exploitants agricoles respectant les principes de l'agriculture raisonnée.

Pour certains opposants, l'agriculture raisonnée ne remet pas suffisamment en cause les méthodes de l'agriculture traditionnelle intensive en particulier l’utilisation des intrants de l’industrie chimique agricole ainsi que celles des OGM. Sur les 103 mesures listées, 45 sont des exigences réglementaires déjà en vigueur et 19 sont des engagements de l’agriculteur à respecter dans les 2 ans mais qui devront éventuellement faire l’objet d’un organisme de certification. Quant au reste, ce sont simplement la vulgarisation des bonnes pratiques agro-environnementales.

Le programme est considéré par ses opposants comme une concession inacceptable aux lobbies particulièrement puissants de l’industrie agroalimentaire, qui souvent sponsorisent des programmes de recherche d’institutions publiques et dont les dirigeants peuvent être, par le système «revolving doors », tour à tour dirigeants dans les entreprises agroalimentaires et responsables politiques dans les gouvernements.



L’AGRICULTURE INTEGREE :

Le concept d’agriculture intégrée définie des pratiques agricoles pour produire des aliments en utilisant les moyens les plus naturels possible et des mécanismes régulateurs pour remplacer les apports chimiques et polluants. C’est une approche holistique (totale). L’exploitation agricole est considérée comme une unité de base dans laquelle évoluent les cultures et les espèces animales en complète complémentarité.

Les animaux sont envoyés dans les champs et les vignes après la récolte ou vendange pour « nettoyer » les sols des résidus. Leurs déjections apportent de l’engrais au sol. La préservation de la fertilité des sols est un aspect essentiel de ce type d’agriculture. Les moyens biologiques, chimiques et techniques sont utilisés uniquement en compléments de ce qui ne peut pas être fait par les espèces végétales ou animales et pour maintenir les exigences économiques de rentabilité de l’exploitation.

Cette forme de culture est particulièrement bien du livre de Michael Pollan, the Omnivore Dilemma, (
http://www.michaelpollan.com/) 5.

Références :

1. La Roténone : données nouvelles et réflexions : Dr. Bernard Mauchamp, Unité Nationale Séricicole, INRA, 25 quai J.-J. Rousseau, 69350 La Mulatière.

2. Betarbet, R, Sherer, TB, MacKenzie, G, Garcia-Osuna, M, Panov, AV and Greenamyre, JT, Chronic systemic pesticide exposure reproduces features of Parkinson's disease, Nature Neuroscience. 3:1301-1306, 2000

3. La décision de la Commission européenne n°2008/317/CE du 10 avril 2008.

4 . Cary Fowler and P.R. Mooney. Shattering: food, politics, and the loss of genetic diversity.
5. The omnivore dilemma, Michel Pollan, Peguin Edition; ISBN: 978-0-14-303858-0.


1 commentaire: