mercredi 8 juillet 2009

SINGE EN HIVER, trois sublimes femmes passent aux aveux!

Par Ricardo Uztarroz

Les trois sont sublimes (mais y a-t-il de femme qui ne soit pas sublime ?). De la première, il a été dit qu’elle était « la reine du tricot », l’inventrice de la « démode » ; la seconde a tourné sous la direction, rien que cela, de John Huston et d’Orson Welles, entre autres, mais surtout, le père du « fantastique social », l’écrivain et poète Pierre Mac Orlan, a dit qu’elle avait « une voix qui est l’appel de l’ombre » quand elle chantait, tout de noir vêtue, « Si tu t‘imagines », « Les Feuilles mortes », « Je hais les dimanches », « Déshabillez-moi », etc… ; la troisième, c’est la diva de la lingerie anti-Petit Bateau, la lingerie oedipienne, la lingerie à faire… un mort. Toutes les trois sont passées, dans des interviewes données au Figaro.fr Vins, en ce mois de juin, aux aveux, sans la moindre honte, sans le moindre repenti, tout le contraire : elles aiment le vin.
Si on était dans une émission de variété comme, par exemple, le Grand Cabaret, le présentateur, débordant d’enthousiasme, pourrait postillonner dans son micro-cravate agrafé à son revers de smoking : « Et maintenant, j’ai le plaisir d’accueillir sur le plateau trois monuments, trois uniques, trois grandes dames, Sonia Rykel, Juliette Gréco et Chantal Thomass !!!... » Le chauffeur de salle brandit alors le panneau : « Applaudissements » ; et le public applaudit.
Le Singe en Hiver se joint bien volontiers à ces applaudissements. Car les aveux de ces divines nous remplissent réellement de joie.
« Notre goût suit nos ans. La vieillesse désire le bon vin/Au lieu que la jeunesse incessamment soupire les plaisirs amoureux », a dit dans ses « Stances, contre un vieillard jaloux » Honorat de Racan (1589-1670). Oui, c’est parce que nous désirons encore plus le vin maintenant que lorsque nous avions vingt ans, que les propos de ces trois femmes nous pâment.



SONIA

Il n’y a pas que la laine qu’elle sait tricoter, Sonia Rykel. Elle manie les mots aussi agilement que les longues aiguilles. Pour elle, « un grand cru est digne d’une collection », confie-t-elle au journaliste. Elle trouve de la « magie » à « une bouteille posée sur une table. » Comme nous. Son vin ? Un lynch-bages 1960, année de naissance de son fils ; heureux fils, beaucoup voudrait avoir une mère qui adore un millésime correspondant à sa venue au monde. Elle adore les repas qu’aux Sauternes. Sur ce point, nous divergeons un tantinet mais nous sommes tout prêt à faire une petite concession, pour l’avoir en face, la voir manier la fourchette et le couteau et deviser de vins et autres futilités essentielles sans lesquelles une vie serait bien morne.
Mais cette Sonia n’hésite pas à balancer les copines !
« J’ai croisé Juliette Gréco qui buvait un verre de vin blanc à 4 heures de l’après-midi », glisse-t-elle à l’oreille de son interlocuteur qui ne s’est pas gêné à colporter l’information.
« Je lui ai dit, poursuit Sonia Rykel : Juliette, tu as raison ; il faut boire du vin. »
Balancer une copine quand c’est pour la bonne cause, nous lui pardonnons volontiers. Oui, il faut boire du vin.



JULIETTE

La Juliette en question l’a confirmé. A l’heure du thé, elle préfère un pouilly fumé. Egérie de l’existentialisme, muse de Saint-Germain-des-Près « où il n’y a plus d’après » comme le dit la chanson, c’est sûrement à une table des Deux magots qu’elle se fait servir son canon.
Toujours au Figaro, elle révèle qu’elle a été élevée dans le bordelais. Son arrière-grand-mère a été propriétaire du château Rieussec.
« Je reconnais que les sauternes sont admirables, mais je déteste les sucrés », confesse-t-elle.
« Enfant, je voyais passer sous mon nez des vins magnifiques » Mais, elle n’avait pas le droit d’y goûter. Le vin, ce n’était pas pour les petites-filles, même un peu délurée comme elle était très certainement. En tout cas, on l’imagine, oui, on se l’imagine ainsi.
Son premier verre, elle l’a bu à 19 ans. Elle vivait une grande passion amoureuse avec un pilote de course qui s’est tué le 28 janvier 1949. Il s’appelait Jean Pierre Wimille et est considéré comme un des plus grands pilotes français. Juan Manuel Fangio l’avait pris pour modèle.
Ils commandèrent un plateau d’huîtres accompagné d’un chablis. Elle ne précise pas les circonstances. Respectons donc sa discrétion et la mémoire du champion. C’est aussi grâce à l’amour que Sonia Rykel a découvert le vin.



CHANTAL

Chantal Thomass n’a bu son premier verre de vin qu’à 25 ans. Avant, confie-t-elle, elle ne consommait que cette boisson brune, gazeuse, symbole de l’Amérique sûre d’elle-même, et qui a servi dans certains foyers hexagonaux comme décapant à argenterie. Elle ne le dit pas mais sûrement qu’un homme a été à l’origine de cette découverte. Sa jeunesse, elle l’a passée au Cap Ferret, sur le bassin d’Arcachon. Le dimanche, son père sortait les bonnes bouteilles auxquelles, elle ne le précise pas, mais on peut le déduire puisqu’elle avait moins de 25 ans, elle ne goûtait pas.
Elle préfère les blancs et sa prédilection va au champagne qu’elle associe « aux soirées amoureuses ». Pour l’amour, le champagne c’est plus stimulant que la dite boisson américaine à la bouteille si symbolique d’une modernité illusoire.
Elle vient d’être choisie comme marraine de la cuvée Velours, un champagne rosé Pannier. Un peu de champagne rosé et une lingerie froufroutante mauve avec une fine dentelle noire : quel était au fait le cri de Tarzan !!! Champagne et petite culotte…
Tournons vite la page.

Bon, si ces trois femmes sublimes veulent tremper leurs lèvres dans un cru exotique qu’elles fassent juste un petit signe de la main et le Singe en hiver accourt. Sonia, Juliette, Chantal, oui, on vous l’assure.




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